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Le roi qui n’aimait pas la musique

musique, récit, pouvoir, littérature
© Gallimard, 2017
La somme des talents réunis dans cet album en fait une œuvre à part entière, et d’exception. Les grands musiciens que sont Renaud Capuçon, Paul Meyer et Edgar Moreau sont réunis autour de Karol Beffa au piano, également génial compositeur de la musique. Patrick Bruel apporte à la lecture une voix doucement voilée. Les plus jeunes enfants, comme les plus grands, trouveront dans cet album, aidés de leurs enseignants, des pistes de réflexion sur le thème du pouvoir politique, qui ne pourra jamais détruire le pouvoir de la musique. Des pistes pédagogiques sont proposées, à télécharger en pièce jointe.

Le petit Roi s’ennuie. Lorsqu’il comprend cet ennui, le Roi des Lowreliens détruit peu à peu ce qui fait la douce existence de son petit peuple, existence si harmonieuse qu’il n’avait eu jusqu’alors rien à faire, rien à réparer, rien à instituer. Cette existence était harmonieuse précisément pour la raison que l’harmonie musicale repose sur des différences qui, écoutées ensemble et partagées, sonnent parfaitement et vivent. Le dessin de Louis Thomas restitue d’ailleurs ces différences dans les corps des instrumentistes de l’histoire, s’appuyant sur leur personnalité décrite par l’auteur. L’histoire : le petit peuple des Lowreliens est fort de cinq personnes (!), un roi et quatre musiciens. L’univers autour d’eux, un oasis perdu au milieu de nulle part, est harmonieux et le roi lui-même est heureux, fier de son rôle qu’il croit le plus important. Arrive un jeune voyageur qui, à la différence du Roi, aime écouter la musique, même s’il n’en joue pas. Cette capacité d’amour pour la musique que ne partage pas le Roi révèle à ce dernier ses manques et accroit son désir de toute puissance qu’il avait cru jusque là comblé. Peu à peu, il émet des décrets selon lesquels la musique aura de moins en moins de place au sein du petit peuple. Avec le premier décret, la nature commence à se montrer mécontente : les arbres se figent. Lorsque plus aucune note ne se fait entendre et que les musiciens ne peuvent même plus lire leurs partitions, le désastre devient général. Mais le Roi est heureux, il s’est accaparé tous les pouvoirs, au point que la vie s’est retirée de tout, et menace de se retirer aussi des habitants. De son côté le jeune voyageur tente de parlementer avec le Roi, sans succès. Une nuit il croise une belle nomade à laquelle il raconte les misères des Lowreliens. Elle lui offre une petite flûte d’os et un tambour. La flûte est pour lui, qui apprend à en jouer. Le tambour est pour le Roi : le voyageur doit lui expliquer que l’instrument était celui d’un puissant roi, auquel le tambour avait conféré le pouvoir le plus grand, celui du rythme et de la mesure. Lorsque le Roi ressent le rythme dans son corps, sa méchanceté fond… La vie revient avec ses sons, les Lowreliens retrouvent le plaisir de jouer ensemble, plaisir que le Roi peut faire sien et partager.

Cette jolie histoire va au delà du simple conte : elle est un véritable plaidoyer pour la création artistique, pour l’amitié qui se déploie sans compter, pour la musique sans laquelle l’amour et l’harmonie ne peuvent advenir. Mais surtout, et c’est ce que Mathieu Laine veut faire entendre, si la musique n’avait plus de place au sein de la société des hommes, la liberté serait morte, ainsi que la vie.

Le roi qui n’aimait pas la musique, texte écrit par Mathieu Laine, dit pa...

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