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Iqbal. L’enfant qui n’avait pas peur

Iqbal. L’enfant qui n’avait pas peur
Iqbal. L’enfant qui n’avait pas peur - © 2015. Gertie – 2d3D Animations – Montparnasse Productions
En salles depuis le 24 août, le film de Michel Fuzellier et Babak Payami s’inspire de la courte vie du jeune pakistanais Iqbal Masih (1983-1995). Vendu à quatre ans par ses parents pour éponger une dette, il travailla dans une fabrique de tapis, avant de devenir le porte-parole de tous les enfants esclaves. L’histoire d’Iqbal est transposée dans un pays imaginaire, la dénonciation du travail des enfants prend alors un caractère universel.

Un siècle nous sépare de la Première Guerre mondiale. Avant cette guerre, en Europe, 20% des ressources des ménages d'ouvriers provenaient du travail des enfants. La perspective est trompeuse qui nous fait croire que ce temps est révolu : dans le monde, aujourd’hui encore 168 millions d’enfants travaillent, et l’on ne peut ignorer que même dans les pays développés, des enfants travaillent comme domestiques dans certaines demeures privées.

Adoptant délibérément le ton de l’aventure, avec ses inévitables rebondissements, ce film n’est pas la biographie d’Iqbal Masih, qui eut contraint les deux réalisateurs à demeurer dans le cadre d’une région, le sous-continent indien, et plus précisément le Pakistan : en élargissant la narration à tous les enfants victimes du travail forcé, en la plaçant dans un pays imaginaire à l’architecture indécidable, dont les habitants sont vêtus comme nous imaginons les paysans de naguère dans l’Europe centrale ou l’Anatolie, les pratiques dénoncées sont alors celles que l’on peut voir à l’œuvre partout où le silence est de mise, en Asie, en Afrique, en Europe. Le petit Iqbal du film n’est pas vendu par ses parents ; il quitte sans le dire sa famille pour aller vendre à la ville sa chevrette Radjah, afin d’acheter un médicament devant guérir son frère d’une pneumonie. Ainsi montre-t-il d’entrée de jeu la détermination qui l’anime, et le sens de l’autre, qui reparaîtra lorsque, emprisonné avec d’autres enfants dans l’atelier sordide de Guzman, il fait tout pour essayer de les en sortir et de s’en sortir avec eux. Deux couples d’adultes aux valeurs totalement opposées interviennent dans la narration : Guzman et Sarin son épouse sans pitié, qui sont au service de la mafia des fabricants de tapis, et le couple Malikian qui milite contre le travail des enfants et grâce auquel Iqbal parvient à sauver ses compagnons d’infortune. Cette mafia ne peut exister que parce qu’ailleurs, de grands marchands (ou entreprises) ferment les yeux, tel ce couple anglo-saxon, les Flat, qui viennent visiter la fabrique présentée par Guzman comme un aimable lieu d’apprentissage. Quant au père et à la mère d’Iqbal, ils sont surtout présents dans les rêves de l’enfant.

Il existe une gradation dans l’horreur du travail forcé : les enfants frémissent lorsque Guzman veut en envoyer un à la mine, pour le punir de son insubordination. C’est lorsque Karim et Iqbal se retrouvent dans le camion du recruteur, en route vers la mine, que le dénouement s’annonce. Du camion qui les emmène, Iqbal voit le couple Malikian avec un porte-voix cherchant à sensibiliser les passants. C’est avec leur aide que la police intervient. Les enfants sont libérés, Iqbal retrouve sa famille, et interpelle notre société.

Le film mêle l’animation 3D et des arrière-...

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