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Internet, la pollution cachée

Internet, la pollution cachée
Couverture du DVD "Internet, la pollution cachée", Editions Montparnasse, 2015.
Le monde dit virtuel se révèle le consommateur toujours plus exigeant d’une énergie bien réelle alimentant des infrastructures très matérielles. Coline Tison et Laurent Lichtenstein consacrent un documentaire engagé à la face cachée de l’existence des objets numériques : "Internet, la pollution cachée". Ce film paru en 2103 et aujourd'hui édité en DVD a valeur d’avertissement et invite le spectateur à devenir un utilisateur responsable. Sa forte dimension pédagogique permet de travailler une prise de conscience précoce des enjeux énergétiques chez les élèves. Ce à quoi invitent les pistes pédagogiques proposées ici (à télécharger).

 Plus encore que les élèves de nos classes aujourd’hui, le bébé qui apparaît au début de ce riche documentaire sera une utilisatrice obligée de l’internet. Et obligée sera-t-elle de prendre la mesure des moindres de ses gestes de connexion. À peine née, et sans en rien savoir, Rebecca parcourt déjà des milliers de kilomètres : les photos ou vidéos numérisées prises par son père, sont envoyées aux amis et à la famille grâce à ce que l’on appelle un "simple clic". Si le geste est effectivement simple, le sont bien moins l’immense parcours que fait son image, la complexité des infrastructures qui l’assurent, et le coût énergétique nécessaire à son transport. Ici dévoilés, les "dessous" de l’internet apparaissent sous un jour très noir : loin de nous faire économiser des forêts de papier, il détruit, au propre comme au figuré, les crêtes des montagnes pour les transformer en énergie. L’apparente propreté de ces dessous masque leur impact gravement pollueur de notre environnement. En effet, les usines de traitement des informations transmises (les centres de données ou data centers) avalent des quantités insoupçonnées d’électricité : le seul centre Google de Lenoir en Caroline du Nord exige autant d’électricité en continu que la ville de Bordeaux. Les auteurs de ce film paru en 2013 (et édité en DVD en 2015) en expliquent la raison, notamment le concept de redondance qui implique que toutes les machines, ainsi que les systèmes d’alimentation et de refroidissement de ces machines, soient multipliés par deux ou trois pour éviter un crash éventuel.

La conséquence de ce besoin énergétique exponentiel est bien la destruction visible d’une partie des Apalaches, au sud desquelles sont installés les trois grands centres de données que sont Facebook, Google et Apple. Là sont extraits 12% de la production américaine de charbon, et la Caroline du nord contribue de façon importante au réchauffement climatique mondial. Comme le dit la voix off du documentaire : "Nos mails dégagent une épaisse fumée noire." L’activisme estudiantin propose des alternatives au charbon, tels que les énergies renouvelables, mais la solution réside surtout dans un changement de nos pratiques, et l’invention d’autres modes de distribution de l’énergie. C’est ainsi que l’économiste Jeremy Rifkin propose un partage solidaire, une mise en commun des ressources énergétiques, obtenus grâce aux réseaux informatiques. Une troisième révolution industrielle, collaborative, est en route, à l’image de la société que nous souhaiterions voir advenir.

Internet la pollution cachée, un film de Coline Tison et Laurent Lichtenstein, 2015, éditions montparnasse, 15 €.

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